Gilets Jaunes : Qui était Chantal, Morte écrasée Sur Un Barrage


Elle s’appelait Chantal Mazet, avait 63 ans et était mère de quatre enfants et de plusieurs petits-enfants. Cette grand-mère fraîchement retraitée est morte tragiquement, sous les roues d’une voiture alors qu’elle participait avec une quarantaine de gilets jaunes au blocage d’un rond-point de la zone commerciale de Pont-de-Beauvoisin (Savoie). « A 7h15, c’était une des premières sur le barrage. Elle avait une pêche incroyable, c’était la plus énergique. Elle criait aux autres Venez en renfort pour bloquer les voitures ! Elle nous a dit que c’était sa première manifestation », témoigne Philippe, un des autres gilets jaunes. L’accident mortel est survenu vers 8h15. Chantal a été écrasée par la conductrice d’une grosse Audi qui dit avoir paniqué à la vue des manifestants. Gilet jaune, Sandrine a été témoin du drame : « La conductrice est arrivée très agressive sur le barrage au volant de son puissant 4 x 4 en disant J’ai rendez-vous chez le médecin pour mon enfant. Laissez-moi passer ». Des manifestants reconnaissent que des coups ont alors été portés sur la voiture. « La conductrice a mis un premier coup d’accélérateur, un second, relate Sandrine. Et au troisième, elle a foncé et renversé Chantal, l’écrasant littéralement avec les roues avant et arrière. C’était terrible. On a tout de suite compris qu’il n’y avait plus rien à faire pour Chantal. » Veuve, Chantal Mazet résidait à Domessin (Savoie), commune où vivait Nordahl Lelandais, meurtrier présumé de la petite Maëlys et du caporal Noyer. En apprenant son décès, Jeanine, une voisine, ne peut retenir ses larmes. « Chantal, c’était une femme formidable. Toujours le sourire, toujours gaie, pleine d’entrain. C’était une battante, prête à rendre service. On ne pouvait que l’aimer. Elle adorait la peinture et animait d’ailleurs des ateliers d’apprentissage pour les enfants. Mourir comme ça, c’est injuste », lâche Jeanine. Alexandrine Mazet, une des filles de Chantal, a appris le décès de sa mère alors qu’elle se trouvait elle-même sur un barrage de gilets jaunes dans la région de Cavaillon (Vaucluse) où elle dirige un centre équestre. « C’est un choc terrible pour moi, confie-t-elle. Ma mère venait de prendre sa retraite et avait le sentiment que son niveau de vie allait baisser avec toutes les mesures gouvernementales contre les retraités. Elle était inquiète pour elle, mais aussi pour ses enfants, ses petits-enfants. En allant manifester avec les gilets jaunes, elle voulait dire à Monsieur Macron que ça allait être difficile pour beaucoup de gens. » La fille de la victime ne souhaite pas « porter de jugement » sur la mère de famille de 43 ans qui a renversé Chantal et qui a été placée en garde à vue. Elle attend de connaître les circonstances précises de l’accident. « Mais je ne veux pas que les gens se laissent submerger par la colère. Il faut vraiment que les gilets jaunes comprennent que ce mouvement est pacifiste. Et que les gens qui sont bloqués acceptent de perdre un peu de temps sur les barrages. J’appelle vraiment tout le monde au calme et à l’intelligence surtout », implore Alexandrine Mazet. A Pont-de-Bonvoisin, les gilets jaunes annoncent la poursuite du mouvement. « Pour Chantal. En sa mémoire ».


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