Alors le ruissellement ?


Encore une pelletée sur la « théorie » du ruissellement ? Le ministre français de l’économie, des finances et de l’industrie affirmait le 9 octobre 2017, ne « pas [y ] croire » ; il poursuivait en affirmant « c’est une ânerie, ça n’existe pas ». Il a raison. En revanche, la liste est longue de ceux qui n’y croient pas mais qui, quand ils sont au pouvoir, en adoptent les principes. Monsieur Le Maire, se qualifiant luimême d’authentique homme de droite, est de ceuxlà. Le projet de loi de finances 2018 est emblématique à cet égard. On en trouvera une excellente présentation fournie par Solidaires Finances publiques, intitulée avec une pertinence ironique, « Un retournement capital ». C’est lui en effet, le capital ou plutôt ses propriétaires, qu’il s’agit de privilégier. L’impôt sur les société (IS) est un très bon outil pour ce faire (voir L’impôt sur les profits). Ainsi, en trente ans, le taux nominal moyen de l’IS est passé pour les quinze plus anciens pays adhérents de l’UE, de quelque 44 % à 25 % en 2016. Le ruissellement semble bien être une « ânerie » puisque, selon Eurostat, on compte, en mars 2017, près de 20 millions d’hommes et de femmes au chômage et, selon un communiqué d’Eurostat du 17 octobre 2016, le nombre de personnes menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale était de 119 millions. Baisser l’IS – ce qui se pratique largement comme en témoigne la figure 1.17 de l’étude du FMI – est cependant insuffisant pour les gros appétits du CAC 40. Ajoutez-y, au moins une flat tax, comme on dit sur les rives du Potomac et de la Tamise, là où on laisse prospérer ceux qui le « valent bien ». Le gouvernement de Monsieur Macron prévoit donc d’instaurer une taxe forfaitaire de 30 % qui remplacera les prélèvements progressifs allant jusqu’à 45 %, entrant dans l’impôt sur le revenu et les prélèvements sociaux (17,2 % à partir de janvier 2018). Ce PFU (prélèvement forfaitaire unique) s’appliquera aux intérêts, dividendes – près de 56 milliards d’euros versés par les entreprises du CAC 40 en 2016 – et plus-values. Enfin, que voudriez-vous qu’il soit encore besoin d’un impôt de solidarité sur la fortune (ISF) ? Foin de solidarité, puisque ça va ruisseler ! À ce stade, ce seront, en année pleine, quelque 20 milliards d’euros de recettes fiscales en moins, près de 14 % des recettes fiscales 2016, hors TVA. Allez, les riches, il y en aura d’autres et le quinquennat ne fait que commencer !


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