Impunité en Asie centrale


La chose est connue : la torture et les autres mauvais traitements étaient très répandus dans toute l’ex-Union soviétique. Et cet état de fait perdure encore de nos jours. De timides progrès ont certes été réalisés en 2016 au niveau des textes dans quelques pays, mais l’impunité demeurait partout la règle. Les chances de voir enfin les responsabilités établies dans les violations de grande ampleur perpétrées par des responsables de l’application des lois lors de l’Euromaïdan en 2013-14, des manifestations du parc Gezi en 2013 et des affrontements interethniques survenus dans le sud du Kirghizistan en 2010 semblaient s’éloigner dans le cas de l’Ukraine, restaient toujours aussi lointaines dans celui de la Turquie, et étaient devenues quasi inexistantes dans celui du Kirghizistan. Au sein de l’UE, les responsables des complicités européennes dans le cadre du programme de « restitution » mené par les États-Unis n’étaient toujours pas près de rendre des comptes, en dépit des procédures en cours devant la Cour européenne des droits de l’homme. À la fin de l’année, personne n’avait été déclaré pénalement responsable de participation aux détentions illégales et aux actes de torture et autres mauvais traitements perpétrés en Pologne, en Lituanie ou en Roumanie à l’encontre de personnes soupçonnées de terrorisme. Après avoir accompli des progrès considérables ces 10 dernières années en matière de lutte contre la torture dans les lieux de détention, la Turquie a enregistré une inquiétante hausse des cas signalés au lendemain de la tentative de coup d’État. Alors que des milliers de personnes ont été officiellement ou officieusement placées en garde à vue, de nombreuses informations faisant état de passages à tabac, d’agressions sexuelles, de menaces de viol et de viols ont circulé. Elles ont été systématiquement (et de manière peu crédible) démenties par les autorités turques.


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