En Fouga à Pontoise


S’il y a bien une expérience que je n’imaginais pas faire un jour, c’est bien celle-là : un vol en avion de chasse ! Et pourtant, la vie est pleine de surprise. Car c’est exactement ce que j’ai fait la semaine dernière. Ma découverte a eu lieu à Pontoise, et ce que je peux d’emblée vous dire, c’est que ça a été violent ! Dans le bon sens du terme, évidemment. Ca a d’ailleurs commencé plutôt simplement. Le jour J, je me suis rendu à l’aéroport, j’y ai fait la connaissance de Eric, mon pilote et instructeur. Celui-ci m’a fait un briefing sur le plan de vol prévu, puis j’ai pu aller passer ma combinaison de vol avant de gagner le taxiway. C’est là que m’attendait le Fouga Magister. Cet avion ne ressemblait pas vraiment à un avion de chasse, mais il assure en termes de sensations, comme j’avais pu le lire un peu partout sur le web. Un peu fébrile, j’ai pris place à l’arrière et le staff a checké mon harnais de sécurité. Quelques minutes plus tard, on était sur le point de décoller. C’est difficile de décrire ce qu’on éprouve quand l’appareil se retrouve face à la piste, paré au décollage. C’est un cocktail de frousse et d’excitation extraordinaire qui secoue l’organisme. Ca ressemble vaguement à ce qu’on peut ressentir dans un wagon de montagnes russes, lorsqu’on monte tout doucement vers le sommet de la pente. Mais en beaucoup plus intense. Pourtant, au début, il n’y a pas de quoi en faire des histoires. J’ai été presque déçu, en fait. Le décollage s’est fait en douceur, contrairement à ce que je croyais. Mais ce n’était là que l’antipasti, d’une certaine manière. Quelques minutes plus tard, le pilote m’a dit qu’il entamait le vol acrobatique. Et là, j’en ai pris plein la tête ! Dès le premier tonneau, j’ai réalisé que ça allait être du lourd. 6G dans la face ! Je pesais brusquement 6 fois mon poids normal ! Et ce n’était qu’un préambule. Les figures se sont enchaînées de manière diabolique. Ca n’a duré que 10 minutes, mais lorsqu’on a pris le chemin du retour, j’avais l’impression d’être resté pendant une heure dans un sèche-linge en marche. J’étais courbaturé des pieds à la tête. Et vous savez le pire ? C’est que j’ai adoré ce baptême ! Jamais je n’avais ressenti un truc de ce genre, dans aucune activité que j’ai pu faire. Voici le lien vers mon baptême en avion de chasse à Pontoise, pour ceux qui veulent en savoir plus.

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Les français quittent la Coupe de l’America


De retour en Coupe de l’America après dix ans d’absence, les Français ont été éliminés lors des qualifications entre challengers, mais ont prouvé qu’ils étaient dans le coup et ont déjà le regard tourné vers la prochaine édition sans doute dans deux ans. Les ronchons qui régatent dans leur canapé et usent sans parcimonie du «on a gagné ils ont perdu !» ne verront malheureusement pas encore une équipe française conquérir le plus vieux trophée sportif du monde. Groupama Team France mené par Franck Cammas, le marin qui a tout gagné ou presque, sauf justement la Coupe de l’America, a été logiquement éliminé ce week-end de Pentecôte lors des Louis Vuitton America’s Cup Qualifiers, désignant les quatre demi-finalistes. Néo-Zélandais et Anglais, puis Suédois et Japonais vont s’étriper jusqu’au 12 juin, afin de désigner qui affrontera le defender américain dans les eaux turquoise des Bermudes. La singularité de «la Cup» permet au tenant du titre de modifier les règles à sa guise afin de tout mettre en œuvre pour conserver son bien, faisant fi du fair-play le plus élémentaire. Pour l’instant, les Américains y parviennent avec brio. Mais il faut rendre justice à Russell Coutts, quintuple vainqueur aux commandes de l’épreuve, et qui l’a rendue aussi spectaculaire que palpitante. Comme le dit Loïck Peyron, qui conseille les Suédois, «ce que l’on ne peut pas acheter, c’est le temps !» Il a raison. Les Français autour du triumvirat Cammas, Kersauson et Desjoyeaux, pourtant partis d’une feuille blanche plus d’un an après leurs adversaires, dotés du plus petit budget (30 millions d’euros contre 150 pour les Anglais), n’ont pas à rougir de leur prestation prometteuse. Personne à Dockyard ne misait un dollar sur les «Frenchies». Leur Class AC a pourtant démontré des performances très proches des meilleurs. Progressant à chaque sortie, l’équipe de France a même bouclé le premier tour en tête des Européens après avoir battu Suédois et Britanniques, menés par une armée de médaillés olympiques. Sur ces machines qui bondissent dès le moindre zéphyr, et qui atteignent jusqu’à trois fois la vitesse du vent, la différence cette année s’opère principalement sur les systèmes hydrauliques permettant de modifier le réglage des foils. Ces virgules de carbone poussent alors vers le ciel les trois tonnes du bateau, comme une insulte à Archimède. Avec ce nouveau format resserré, des horaires de départ aussi précis que dans une gare, des incrustations didactiques pour tout piger à la télé, et enfin des courses de moins de vingt minutes «pliées» à près de trente nœuds de moyenne (55 km/h), le voilier tricolore n’aura régaté que huit journées pour dix courses effectuées. Il y a encore dix ans, la compétition durait trois mois et plus… Ces véritables «avions» qui, prêts à naviguer, coûtent près de 10 millions d’euros, restent des merveilles de technologie. Et les Néo Zélandais, premiers des challengers à l’issue des qualifications, et qui adorent surprendre et innover, ont marqué leur territoire. Pour augmenter la pression d’huile afin d’actionner les foils, les quatre winchers baptisés «hamsters», ont choisi de pédaler sur des cadres de vélo plutôt que de mouliner avec les bras, tels des cyclistes dans un contre-la-montre par équipe. De plus, les Kiwis ont abandonné les traditionnelles «ficelles» que l’on a en main sur tout bateau à voile. L’écoute réglant l’aile est actionnée par une tablette électronique modifiant la cambrure et l’ouverture des trois volets… comme dans le cockpit d’un avion de ligne. Impressionnant de stabilité et de fluidité, leur bateau, notamment dessiné par l’architecte français Guillaume Verdier et mené par un génie de 26 ans du nom de Peter Burling, est pour le moment le seul capable de boucler une régate en «volant» 100% du temps, les coques ne touchant donc plus l’eau. Quant aux Américains qui se sont invités lors de ces qualifications, ils ont regagné leurs pénates en tête du classement général, s’octroyant un point de bonus avant même que la finale démarre… Et pour ne pas voir une fois de plus les acquis et les forces vives se diluer dans la nature, Cammas et son clan doivent trouver au plus vite des partenaires complémentaires, afin d’aller au bout du rêve. Ils le méritent.