Une vessie peut-elle briller dans le noir ?


J’ai passé bien des heures à tenter de voir dans l’obscurité si ma vessie brillait. Il faut dire que la question finit par se poser, depuis le temps qu’on nous fait prendre des vessies pour des lanternes. C’est lorsque je n’ai plus osé allumer la lumière, ne sachant à quelle entrejambe elle appartenait, que j’ai finalement décidé de créer ce blog. Parce qu’à force de confondre l’une et l’autre, on en finit par vivre dans un monde absurde.

Tenez, un exemple tout récent : accusé de malversations, Claude Guéant a botté en touche en invoquant la théorie de complot ; selon lui, on essaierait d’atteindre à travers lui Nicolas Sarkozy. Est-ce là une lanterne ? Cette explication permet-elle d’éclairer le monde sous un jour nouveau et cohérent ? Ou n’est-ce là qu’une vessie de plus ?

Si l’exemple peut sembler anecdotique, il ne l’est pas tant que ça. Cela irait encore si Guéant était le seul à utiliser un tel stratagème. Mais le fait est que tous les politiques, lorsqu’ils sont attaqués, utilisent la même ligne de défense. L’actualité politique est pleine de vessies censément lumineuses.

Et si cela ne touchait qu’aux affaires de justice. Ce système de défense est aussi utilisé pour expliquer pourquoi la France va si mal : c’est la faute à celui qui précède (dixit le pouvoir en place), et c’est la faute à celui qui gouverne (dixit l’opposition, autrefois au pouvoir). Et ce système de vessie est un cercle vicieux dont il devient impossible de sortir. Une fin de débat démocratique, une fin de non recevoir, une façon de bloquer définitivement toute avancée en la matière. Et c’est de cette manière que, depuis trente ans, gauche et droite éclairent notre monde : à coup de vessies.

Peut-être le temps est-il venu de séparer le bon grain de l’ivraie, la vessie de la lanterne. Quitte à occasionner quelques castrations si nécessaire. Et tel est le but de ce blog : voir le monde tel qu’il est, et non tel que ceux qui occupent le champ médiatique voudraient nous le faire voir.